Vodka aux mûres

Traducción al francés: Georges Festa.

Senda Florida ediciones, Madrid, 2023.

C’est moi l’ennemi. Je suis la discorde, l’éloignement, l’hostilité. Le rageux, le déclaré; tel quel avec leur objectif fixe de s’opposer à moi et de me détruire. Je suis la malveillance, la bassesse. Ce que je suis pour eux : l’ennemi. Voilà pourquoi ils font de toi une chamelle, qu’ils soufflent à l’aide d’un roseau un caillou dans ton vagin pour que, dans sa longue traversée interne, la pierre produise en toi un tremblement et que tu ne tombes pas enceinte. Un ennemi avec des enfants c’est un ennemi double. S’ils n’arrivent pas à me dessécher, ils gardent des pierres à l’intérieur pour faire de cet endroit un désert. La question ne serait donc pas de savoir combien valent les terres, mais comment le sable se mesure. Particules fossilisées se mouvant dans les airs, exodes. Je pose ma tête sur ton ventre, j’écoute. En temps de guerre il faut avoir de l’oreille. Dis-moi combien tu m’aimes, me disais-tu. Et moi en train d’écouter la pierre qui réduisait le feu à néant. J’écoutais avant de n’être plus qu’os et je me changeais en volcan. Un volcan qui cherche la femelle du chameau. Je la pousse de ma main-cratère, matière ignée, plaques, eaux thermales, nuées ardentes qui en se refroidissant sont capables s’ensevelir des villes entières. Le sable, l’exode, le volcan, un cratère qui sangle la ceinture sur les bords de ton corps, effaçant tout tremblement, te détruisent. Alors ça s’efface. La phrase qui demande combien valent nos terres s’efface.